mercredi 1 janvier 2014

Les égéries, des modèles de style formatés par les marques de luxe.

Anna Wintour






Parmi les influences externes, il y a un facteur récent mais pour le moins devenu incontournable : les égéries. Lors de l’émancipation des premiers couturiers, la mode luxueuse ne concernait que les grands de ce monde. Les égéries n’existaient pas encore, bien que le fait qu’une Impératrice ou une Princesse porte et recommande les créations d’un couturier pouvait contribuer à sa notoriété auprès des autres clientes fortunées. C’est avec Hubert de Givenchy, le fondateur de la Maison de Couture Givenchy, que l’égérie telle qu’on la connaît aujourd’hui est née. Le jour où il habilla par erreur Audrey Hepburn d’une certaine petite robe noire. Une anecdote de l’époque qui se transforma en mythe. Pendant ce temps les stars ont continué à s’approprier les marques les plus en vues.


Anna Wintour a été la première à avoir mis à l’honneur les stars dans son illustre magazine, en leurs faisant porter des vêtements de créateur comme des mannequins. Les célébrités aussi y ont eu accès. De nos jours il est devenu monnaie courante que les marques habillent même les stars au quotidien, leur but étant qu’elles soient photographiées avec les vêtements.

L’égérie, c’est cette personnalité publique, connue aussi sous le nom de star, qui devient ambassadrice d’une marque, souvent de luxe. Elle est payée pour représenter une marque et la rendre visible dans les médias autant que possible, elle est un objet de communication et il faut que cela se voie. Ces stars sont « chargées de significations culturelles et représentent des catégories significatives : classe sociale, sexe, tranche d’âge, ou même type de personnalité ». Des personnages auxquels les consommateurs peuvent s’apparenter et se sentir proches consciemment ou non.

Les auteurs Jean- Noel Kapferer et Vincent Bastien pensent qu’il ne faut pas mettre de stars dans ses publicités lorsqu’on est une marque de luxe. C’est pour eux « relation typique du luxe à ses clients », évoquant un rapport de domination et de soumission. En effet le constat est simple et véridique : quand une marque fait appel à une star pour promouvoir un produit, elle fait aussi appel à son statut, son image. Comme si la marque se rabaissait à s’appuyer sur la crédibilité d’une star. Or une star, au jour d’aujourd’hui, est interchangeable, elle peut tomber dans l’oubli demain, ou inversement.   La marque de luxe qui embauche une star pour promouvoir son produit fait donc preuve d’un sérieux risque pour sa propre image. C’est cependant un point de vue qui est réfuté par d’autres auteurs, qui eux voient l’égérie comme un moyen d’atteindre le consommateur plus facilement.  



Selon l’hebdomadaire « Stratégie », les entreprises préfèrent les « people » aux mannequins pour incarner leurs marques, puisqu’ils sont plus expressifs « apportant un supplément d’âme à la communication des marques de luxe » et permettent aux consommateurs de s’identifier.


A en croire les marques et les publicitaires, la célébrité a donc un réel pouvoir de mémorisation sur le cerveau du consommateur qui va : voir, juger, traiter et stocker cette information plus rapidement qu’un visage inconnu. Le stimuli est alors démultiplié et le message publicitaire n’en est que plus fort et plus percutant.


Le journaliste ajoute que les égéries sont « source de retours sur investissement quasiment assuré pour les annonceurs. D’autant plus qu’avec la multiplication des réseaux sociaux, la pipolisation croissante des medias traditionnels , quand ce ne sont pas les célébrités elles-mêmes qui deviennent des medias en commentant leur actualité sur Twitter et Facebook, le phénomène s’emballe et se démultiplie » . Avec un tel intérêt financier pour les marques et une mémorisation de leur message publicitaire facilité dans l’esprit des consommateurs, on comprend mieux l’importance que portent les entreprises à solliciter des stars pour incarner leurs produits.


Jessica Alba et ses filles





Ce phénomène de « pipolisation » est récent et pourtant il se renouvelle déjà, notamment concernant les enfants. Les « enfants » sont eux aussi des stars à part entière.


Très développé de l’autre côté de l’Atlantique, chez nos amis américains ce phénomènes gagne en ampleur. Avec par exemple : Surie, la fille de Tom Cruise et de Katie Holmes, qui a été mise en avant pour ses défilés quotidiens et autres prouesses vestimentaires. Ont suivi : les enfants de Brad Pitt et Angelina Jolie, les enfants de David et Victoria Beecham, les filles de Jessica Alba, Willow Smith la fille de Will Smith et beaucoup d’autres. Il y a aussi les enfants stars qui le sont devenus par leurs activités de : chanteur, bloggeur ou d’acteur, comme Justin Bieber, Miley Cyrus, etc. Très récemment c’est le fils des Beckham, Roméo, qui est devenu mannequin en herbe pour la ligne de prêt à porter pour enfants de la marque de luxe Burberry.


Pour tous ces enfants stars on ne parle pas de contrats, c’est trop tabou, mais ce qui est sûr c’est que les marques de luxe se les arrachent et n’hésitent pas à redoubler d’effort pour qu’ils portent leurs produits dès leur plus jeune âge.

Évidemment ces placements de produits ont bien un but, vendre. Cette voie de communication est plus efficace et moins coûteuse qu’une campagne publicitaire pour les marques, d’où cet engouement. Le fait de voir les vêtements dans les pages des magazines contribue à faire vendre auprès des consommateurs qui aiment s’inspirer des looks proposés par les peoples. De plus avec l’explosion de phénomènes des blogs de mode, dans lesquels des amatrices deviennent émettrices de bon goût, on a vu apparaître des blogs de mères donnant des conseils vestimentaires pour les enfants.

Pour preuve du phénomène grandissant des minis égéries, le magazine de mode Grazia , proposait un article sur la tenue vestimentaire de Surie Cruise. La fillette y apparaît super lookée avec une robe de créateurs, des chaussures à talons et des accessoires coordonnés. Avec ce type d’article, la journaliste ne suscite pas que l’intérêt des mères qui achètent des vêtements à leurs enfants mais également les lectrices avides de tendances. La petite folle stylée fait parler d’elle et inspire petits et grands.

Faire plaisir ou se faire plaisir par l’achat de prêt-à-porter enfant est un mécanisme plus complexe que l’achat pour soi. L’acheteur consciemment ou inconsciemment prend compte de différents facteurs. Acheter cette marque plutôt qu’une autre pour le sentiment de confiance qu’elle inspire, l’image qu’elle renvoie ou la valeur affective qu’elle véhicule. Qu’est-ce qui pousse l’acheteur à faire son choix ? Quel sentiment éprouve t-il dans ce type d’achat ?

Afin de mieux comprendre la psychologie d’achat des consommateurs de prê-à-porter de luxe pour enfant, une étude qualitative auprès des consommateurs concernés est mise en place.