Souvent cibles acquises, les parents sont touchés par le syndrome de la mode luxe depuis leur premier salaire de cadre ou bien, en tant qu'héritier de bonne famille, depuis leur propre enfance. On entend par là, que ces adultes ayant un goût pour les biens luxueux, possèdent leurs habitudes d'achats chez les mastodontes du luxe et se sont déjà enregistrés dans les fichiers client de leurs marques fétiches. Comme si l'enfant qui s'inscrit dans la continuité de la vie, se plaçait également dans cette suite logique de consommation de produits de luxe.
Les parents sont généralement eux-même des adeptes de la marque. Ils jugent que si c'est bien pour eux c'est bien pour leurs enfants. Une fidélité à la marque en héritage. Evidemment cette fidélité est soigneusement travaillée par les services marketing de toute grande entreprise du luxe qui se respecte, à travers un investissement en relation client notamment.
La gestion relation client (ou RM), c'est une spécificité du marketing qui apporte grand soin à l'écoute du consommateur, de manière à le fidéliser aussi longtemps que possible.
On entend souvent dire de la bouche des parents, qu'ils veulent le meilleur pour leurs enfants. Dans ce cadre du prêt-à-porter de luxe pour enfant, c'est probablement le cas.
Avoir un budget de dépenses élevées pour ce type de biens à priori futiles, est tout à fait justifié pour une clientèle haut de gamme. Ils veulent le meilleur, même si c'est plus cher. Dans les cas où les parents ont un budget un peu moins élevé, ils préfèrent généralement se restreindre sur leurs propres dépenses et faire plaisir à l'enfant.
Selon Nicolas Guéguen, auteur de "Psychologie du consommateur", "le prix d'un produit est un critère d'évaluation de sa qualité."1. Clairement il apparaît que ce qui est bien, qualifie donc, ce qui est cher. Même s'il peut-être vrai dans certains cas, ceci est un jugement erroné dans lequel le consommateur se réfugie.
Vouloir la qualité pour ses enfants implique un coût, ce qui encourage les marques à pratiquer des prix élevés, comme c'est le cas pour
Lavin Petite,
IKKS kids,
Dolce & Gabana child, et d'autres qui n'hésitent pas à pratiquer des prix dignes de ceux pratiqués pour les adultes. Nous savons que ces
prix ne sont pas toujours justifiés puisqu'à titre d'exemple, beaucoup d'entre elles ont
délocalisé pour produire à bas coûts et réaliser de
meilleurs bénéfices. La capture d'écran ci-dessous illustre ces propos. On y voit une fillette portant une robe bustier au prix de vente de
845,00 euros sur l'e-shop
Lanvin, de la Collection 07.01.2014 Lanvin Petite été 2014.
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L'identité de l'enfant se construit également sur ses
souvenirs d'enfance. L'art de vivre et la façon dont on était habillé nous restent gravés à jamais dans l'esprit. Si ,enfant, on porte déjà du
Dior, l'attachement aux souvenirs nous fera très certainement
rester fidèle à la marque
en grandissant. C'est très symbolique, on attache beaucoup d'importance aux sentiments évoqués par le
souvenir et à l'émotion.
Dans l'ouvrage "
Psychologie du consommateur"
Nicolas Guéguen fait référence à l'importance des c
omportements d'achats. Il constate même à partir d'expériences que l'exposition à certaines odeurs dans l'enfance conditionnent l'enfant à ses futurs choix d'adultes. Selon l'auteur "
certaines odeurs auxquelles nous avons été longuement exposées affectent encore nos préférences même au bout de trente ans."3
Les valeurs mêmes les plus insoupçonnables qu'elles puissent être, marquent alors l'esprit de l'enfant pour des décennies. Elles réapparaissent lors de prises de décisions, de conversations, d'action, etc. Ainsi
acheter et offrir des vêtements à un enfant ne fait même plus parti du
besoin inéluctable de se vêtir. C'est la transmission d'un patrimoine initié par les parents, qui contribue à former une histoire familiale.
Les
choix et
les goûts seraient donc influençables
sentimentalement dès l'enfance et ainsi privilégieraient l'achat de
produits souvenirs une fois adulte. Un
facteur psychologique qui affecterait les comportements d'achats des
consommateurs.
Les
bouleversements des codes est lui aussi un vecteur à ne pas négliger.
Dans notre société les
femmes veulent
rester jeune alors que
les jeunes, veulent
vieillir trop vite. Les mères portent des vêtements griffés et leurs jeunes filles aussi. Une
complicité mère-fille qui passe par l'échange de point de vue, d'idées, de bons plans, et d'activités telles que le
shopping.
Les séances de shopping mère-fille deviennent de véritables expériences : elles se rapprochent et sont propices aux échanges. Comme si la
mode devenait un
facteur de communication et
de relation. C'est aussi ce que constate
Brée "
l'exemple de Comptoir des Cordonniers est particulièrement illustratif d'une stratégie intergénérationnelle. Cette marque propose ainsi, dans ses magasins, des vêtements aussi bien pour leurs filles, quel que soit leur âge. Les mamans ont donc l'impression de s'habiller "jeune" tandis que leurs filles, selon leurs âge se réjouissent de s'habiller comme les grands ou, pour les plus grandes, de pouvoir faire du shopping avec leur mère dans un lieu qui plaît aux deux générations."
Sans vouloir entrer dans le jugement de la confusion des
générations que suppose ce mélange des vestiaires adultes et enfants, cette expérience shopping constitue donc un réel
facteur de communication au sein même de la famille.
1 : Nicolas Guéguen, Psychologie et consommateur, Dunod 100 Petites Expériences Psychologique
2 : Source : capture d'écran sur l'e-shop Lanvin Petite http://www.lanvin.com/e-lanvin/FR/children.html
3 : Nicolas Guéguen, Psychologie et consommateur, Dunod 100 Petites Expériences Psychologique